Le duo hip-hop originaire de Lévis, composé de Frédéric Auger (T-Mo) et Simon Valiquette (B-Ice), soutient depuis 2008 des causes importantes socialement. Pour l’édition 2024 de la Semaine de prévention du suicide, le groupe se mobilise encore avec plusieurs initiatives au profit de l’AQPS. Découvrez avec Frédéric Auger pourquoi cet engagement leur tient à cœur!
Pourquoi est-ce important pour Taktika de s’engager de manière aussi dynamique et variée lors de la Semaine de prévention du suicide 2024?
Parce que si on ne le fait pas, qui le fera? Nous avons la chance d’avoir des dizaines de milliers de personnes qui nous écoutent et qui nous suivent sur les réseaux sociaux, en plus d’avoir des contacts auprès de gens influents, alors on essaye d’utiliser tout ça pour en faire quelque chose de constructif. Quand vous avez des outils entre les mains qui peuvent sauver des vies, vous ne vous posez pas de questions, vous les utilisez! Alors on met toute la puissance de notre réseau pour amasser des fonds pour l’AQPS et se donner les moyens de soutenir ceux et celles qui souffrent.
À ce jour, qu’est-ce que votre engagement en prévention du suicide vous a apporté?
Il nous a permis de transformer des histoires d’horreur en quelque chose de positif. On a perdu des frères et des êtres chers qui se sont enlevé la vie, et s’engager en prévention nous a permis de donner un sens à leur départ. On a transformé la douleur en urgence de vivre, on a appris à être reconnaissant quand la vie nous apporte du bon, et à mettre de la perspective quand elle nous challenge.
Pourquoi avez-vous décidé de vous engager en prévention du suicide?
En 2010, ma belle-mère Louise Bernier faisait du bénévolat au centre de prévention du suicide de Québec. Elle nous a demandé si on était intéressé à les aider dans leur campagne annuelle. Puisqu’on a été touché de près par le suicide, on a tout de suite accepté.
On leur a proposé de créer une chanson et d’utiliser le porte-voix que nous avons, qui résonne auprès de milliers d’amateurs de rap, pour faire de la prévention. C’est comme ça qu’est né « Désarmé jusqu’aux dents », une chanson qui cumule des millions d’écoutes sur les plateformes de streaming. Ça a changé notre carrière et notre vie à jamais, car nous avons compris à ce moment que nous pouvions faire une réelle différence dans la vie des gens avec notre musique.
Qu’est-ce qui vous motive le plus au quotidien?
Lorsqu’une personne nous écrit pour nous dire que notre musique lui a sauvé la vie, ou l’aide à traverser des moments difficiles. Avant d’être des artistes, nous sommes des fils, des pères, des amis, et on a beaucoup d’empathie pour ce que les gens qui nous écoutent vivent, car nous avons vécu des drames dans nos vies, et nous savons ce qu’ils traversent. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a écrit toutes ces chansons qui traitent de sujets tabous comme le suicide, la toxicomanie ou la violence. Nous savions que d’autres gens étaient confrontés à ces problèmes, qu’ils allaient s’y retrouver et se sentir moins seuls. Et quand ils nous écrivent pour nous le dire, c’est notre carburant.
Quel(s) message(s) souhaitez-vous transmettre?
En fait, ce n’est pas juste un message que nous souhaitons passer. On veut changer la perception de toute la société face à la souffrance humaine. On doit normaliser le fait que demander de l’aide quand ça ne va pas, c’est la chose à faire, sans avoir peur de se faire juger par les autres. On doit réaliser que mettre un genou à terre, ce n’est pas un signe de faiblesse, mais un signe de courage. Et si nous voulons y arriver, car c’est tout un défi, ça va passer par la prévention, l’éducation, l’écoute, l’empathie, l’ouverture et l’entraide. Plus nous serons d’humains à comprendre ça, plus nous serons en mesure de sauver des vies. Et pour atteindre cet objectif, ça prend des anges comme ceux qui travaillent à l’association, et de l’argent pour se doter de toutes les ressources nécessaires pour soutenir ceux et celles qui souffrent. Alors cette année, donnez généreusement!