Des réponses à toutes vos questions, depuis la création jusqu’à la diffusion d’une œuvre traitant des comportements suicidaires.
Pour bâtir un Québec sans suicide,
votre contribution est essentielle
Porter une responsabilité commune
Nous sommes dans une société où le taux de suicide reste élevé et constitue un réel problème de santé publique. Dans ce contexte, toute communication sur le suicide pose des défis majeurs. En effet, aborder le suicide peut avoir autant des impacts positifs que négatifs. Nous croyons qu‘une communication responsable favorise la sensibilisation, le soutien et la prévention de ce phénomène.
Agir comme vecteur de changement
Des œuvres réalistes et authentiques contribuent à une meilleure compréhension du suicide, à la déstigmatisation et à la levée des tabous. C’est pourquoi ce guide vous donne toutes les ressources pour démystifier le phénomène. Apprenez-en plus sur les comportements suicidaires, les facteurs de risques et les mythes courants.
Représenter les comportements suicidaires dans la fiction, quels impacts?
Vouloir aborder le suicide dans l’art, c’est normal. Après tout, nous sommes nombreux à être touchés par cette réalité. Au Québec, 3 personnes se suicident chaque jour. Chaque décès plonge de 6 à 10 personnes dans un deuil douloureux et peut confronter jusqu’à 100 personnes à un événement perturbant. Ce n’est donc pas un hasard si le suicide inspire de nombreux artistes québécois.
Les facteurs contribuant au suicide sont complexes et multifactoriels. Il est donc difficile d’expliquer spécifiquement le comportement suicidaire d’une personne par des évènements singuliers ou des situations simples. Cependant, la manière d’aborder les comportements suicidaires peut avoir un impact positif ou négatif sur des personnes vulnérables et leurs proches.
Vos oeuvres peuvent avoir un impact important sur les personnes qui y sont exposées. Comment pouvons-nous vous aider à ce que cet impact soit positif?
Les impacts négatifs
Aborder le suicide vient avec un risque de contagion suicidaire. En effet, le fait d’être exposé, directement ou indirectement, à un événement suicidaire augmente le risque d’une personne de développer des idées suicidaires et de passer à l’acte. On parle aussi d’effet Werther lorsqu’un traitement médiatique d’un cas de suicide vient influencer le taux de suicide par le biais d’un phénomène d’imitation. L’effet Werther tire son nom d’une vague de suicides de jeunes hommes à la suite de la publication d’un roman de Goethe paru en 1774 et dans lequel le héros met fin à ses jours par arme à feu.
Plusieurs recherches suggèrent que les représentations fictives d’un suicide sont également soumises à cet effet d’imitation. Ainsi, des individus vulnérables peuvent s’identifier à un personnage qui s’enlève la vie et poser eux aussi un geste suicidaire.
Exemple : la minisérie Mort d’un étudiant
En Allemagne, le taux de suicide par train des adolescents et des jeunes adultes a connu une augmentation significative dans les deux mois ayant suivi la première diffusion en 1981, puis la seconde en 1982 de la minisérie Mort d’un étudiant. Cette œuvre en 6 épisodes présentait de manière détaillée le suicide sur les voies ferroviaires d’un jeune étudiant.
Exemple : la série Thirteen reasons why
Avec certaines limites à considérer, plusieurs articles de recherche abordant la série en ligne Thirteen reasons why ont établi qu’il y avait eu une augmentation du nombre de suicides et de prises en charge hospitalière pour tentatives de suicide et idéations suicidaires aux États-Unis chez les adolescents. Plusieurs dossiers hospitaliers de ces patients faisaient alors référence à la série en question.
Exemple : le téléroman EastEnders
Les chercheurs d’Ellis et Walsh (1986) se sont penchés sur un épisode du populaire téléroman britannique EastEnders, dans lequel une des protagonistes, alors âgée d’une trentaine d’années, faisait une tentative de suicide médicamenteuse. Dans la semaine ayant suivi la programmation de l’épisode, il y a eu une augmentation significative du nombre de patients admis dans un hôpital de Londres pour des tentatives de suicide par surdose. Or, les taux d’admission pour ce motif étaient stables depuis 10 ans.
Les impacts positifs
Dans certains cas, il est possible qu’un traitement artistique ou médiatique du suicide ait des effets positifs et protecteurs sur les comportements suicidaires dans la population. On parle alors de l’effet Papageno, en référence au personnage du même nom dans l’opéra de la Flûte enchantée de Mozart. Papageno veut se suicider, car il a perdu sa moitié Papagena, mais ses amis lui viennent en aide et l’invitent à considérer une autre voie.
Les résultats de différents travaux ont permis de démontrer qu’un certain traitement du suicide pouvait encourager les gens à demander de l’aide ou à augmenter leur connaissance sur le sujet. Ainsi, la représentation de personnes qui réussissent à surmonter une crise suicidaire peut avoir un effet protecteur sur un public vulnérable. Le chercheur Niederkrotenthaler et son équipe ont même démontré que les articles journalistiques ayant recours à cette approche étaient associés à une baisse des taux de suicide.
Exemple : la série britannique Casualty
Les chercheurs O’Connor, Deeks et Hawton et al. (1999) ont constaté qu’un épisode de 1996 de la série britannique Casualty a permis au grand public de mieux connaître les effets de l’acétaminophène, notamment en ce qui a trait au risque de lésions hépatiques à la suite d’une ingestion en grande quantité. Un peu plus tôt, un rapport de Stinson et de son équipe (1996) avait déjà rapporté qu’une personne qui avait vu ce même épisode de Casualty avait conseillé à un ami qui avait fait une surdose d’acétaminophène à agir d’urgence et d’aller chercher de l’aide médicale.
Ce projet a été réalisé grâce au soutien précieux de différents acteurs issus des milieux culturel et artistique, mais également en étroite collaboration avec le milieu scientifique :
- Anne Boyer, autrice et productrice chez Duo Productions;
- Jean-Philippe-Baril Guérard, comédien, auteur, metteur en scène et scénariste;
- Jean-Simon Traversy, codirecteur artistique du Théâtre Duceppe et metteur en scène;
- Thomas Campbell, éditeur chez Héritage Jeunesse et Dominique et Compagnie;
- Sophie Parizeau, directrice générale fiction chez Bell Média et Géraldine Charbonneau, chef principal contenu fiction chez Bell Média;
- Cécile Bardon, PhD, Directrice associée du CRISE, professeure au département de psychologie, UQAM.
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