Nous mettons ici en lumière les visages de celles et ceux qui œuvrent dans la prévention du suicide. À travers ces portraits, nous souhaitons mettre de l’avant leur engagement envers cette cause. Aujourd’hui, nous vous présentons Louis-Philippe Côté, conseiller scientifique principal pour suicide.ca et professionnel de recherche au CRISE. De part son travail, il joue un rôle crucial en prévention du suicide au Québec.
Qu’est-ce qui vous a amené à vous spécialiser en prévention du suicide dans votre choix de carrière?
La prévention du suicide est entrée dans ma vie par un heureux hasard. Au cégep, je m’intéressais plutôt à la sociologie, à la politique et au militantisme. J’ai ensuite travaillé dans une école comme préposé aux élèves handicapés pendant quatre ans. À la suite de cette expérience, j’ai voulu devenir psychologue scolaire. J’ai donc quitté mon emploi pour entamer un baccalauréat en psychologie à temps plein.
Lors de mon cursus, j’ai suivi un cours de psychologie communautaire qui a ravivé mon désir d’engagement social. Un de mes professeurs dans ce cours était Brian Mishara, directeur du Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie (CRISE). Je trouvais ce professeur très intéressant. Je lui ai donc demandé de me superviser au doctorat, et il a accepté. C’est à travers mon implication au CRISE que j’ai découvert la suicidologie et le milieu de la prévention du suicide.
Pouvez-vous nous parler de votre apport dans le développement de la Stratégie numérique en prévention du suicide au Québec?
J’ai coordonné les travaux scientifiques entourant le développement de la stratégie numérique de prévention du suicide. J’ai ensuite travaillé aux côtés de Julie Lane pour évaluer son implantation et ses effets à court terme. J’agis maintenant à titre de conseiller scientifique auprès de l’équipe responsable de la stratégie numérique. Je collabore également avec Brian Mishara et l’ensemble de l’équipe de Suicide.ca à l’évaluation des interventions par clavardage et texto du service d’intervention numérique.
Pourquoi pensez-vous que des outils comme le clavardage ou le texto sont si importants pour la prévention du suicide?
Le clavardage et le texto sont des moyens efficaces pour rejoindre les populations moins enclines à utiliser les services d’intervention téléphonique. Ils procurent également un sentiment d’anonymat qui favorise le dévoilement de soi et les discussions autour de sujets tabous, ce qui est particulièrement pertinent pour la prévention du suicide. Enfin, le clavardage et le texto peuvent être perçus comme des moyens de communication moins engageants, ce qui peut encourager les personnes ambivalentes face à la demande d’aide à franchir le premier pas.
Vous avez remporté en octobre dernier la reconnaissance Lucéo « Contribution aux connaissances », qu’est-ce que cela représente pour vous?
Ce fut un moment très émouvant pour moi. Comme chercheur, il est parfois difficile de percevoir l’impact concret de notre travail. On n’est pas sur la ligne de front. On n’entend pas la voix des personnes qu’on aide. Recevoir cette reconnaissance a en quelque sorte été un message de reconnaissance du milieu de la prévention du suicide. Une petite tape sur l’épaule qui me dit que mon travail est important, qu’il est apprécié et utile pour les gens du terrain.

Voici Louis-Philippe lors de la remise des reconnaissances Lucéo en prévention du suicide, qui se tenait le 29 octobre dernier au Centre de congrès de Saint-Hyacinthe. Il recevait la reconnaissance « Contribution aux connaissances ».