Nous mettons ici en lumière les visages de celles et ceux qui œuvrent dans la prévention du suicide au Québec. À travers ces portraits, nous souhaitons mettre de l’avant leur engagement envers la cause.
Aujourd’hui, nous vous présentons Valéry Brassard, intervenante aux services collectifs au Centre d’écoute et de prévention du suicide 02 (CEPS02). Elle se consacre principalement à la formation en prévention du suicide.
Qu’est-ce qui vous a amenée à travailler en prévention du suicide?
J’ai toujours considéré mon travail d’intervenante comme un phare, une lumière qui guide. Je trouve que la mission de la prévention du suicide correspond tellement à ma vision de l’intervention. En tant qu’intervenante au CEPS02, j’ai la chance de guider des personnes hors de leur noirceur afin qu’elles retrouvent la douceur de la lumière.
À quoi ressemble une journée type dans votre travail d’intervenante?
Au CEPS02, nous avons un secteur collectif où j’ai la chance d’évoluer dans un milieu dynamique et effervescent chaque jour. Ici, il n’y a pas de journée type.
Je suis formatrice régionale en prévention du suicide, que ce soit auprès des professionnels de la santé avec la formation Prévenir le suicide et susciter l’espoir ou avec la formation Sentinelle en prévention du suicide.
Je suis également animatrice d’un groupe d’entraide et de soutien pour hommes transition. Ce programme existant au Saguenay, vise à briser l’isolement et à outiller les hommes en période de vulnérabilité. Il favorise un processus de changement par le biais de groupes de soutien, d’entraide et de partage.
Nous offrons aussi des activités d’information et de sensibilisation ouvertes au grand public. Des rencontres sont organisées auprès de la population et des groupes partenaires afin de démystifier le suicide, promouvoir l’aide et l’entraide, et créer des agents multiplicateurs en prévention.
Aucune journée ni aucune semaine ne se ressemblent, c’est ce que je trouve fantastique.
Y a-t-il une réussite ou une intervention qui vous a particulièrement marquée?
Les hommes que je rencontre dans le cadre du programme Transition ne sont pas toujours très ouverts à recevoir de l’aide. Souvent, ils le font avant tout pour faire plaisir à quelqu’un d’autre.
J’ai accueilli l’un d’eux dans nos services. Il venait principalement pour pouvoir dire à sa travailleuse sociale qu’il allait tenter le coup, mais que ce n’était pas pour lui. Pourtant, lors de l’entrevue de fin de parcours, il a confié s’être laissé prendre au jeu. Non seulement il a apprécié pouvoir échanger avec d’autres hommes vivant des réalités similaires, mais il a aussi reconnu avoir appris quelque chose, même à son âge vénérable. Il nomme avoir changé sa manière de voir le vieillissement.
Demander de l’aide, c’est fort!
Selon vous, quels mythes entourent encore trop souvent la prévention du suicide?
Les personnes qui « menacent » de se suicider ne cherchent pas simplement à attirer l’attention ou à manipuler les autres. Malheureusement, des verbalisations répétées peuvent avoir un effet pervers sur les proches et les intervenants, qui peuvent ressentir une forme d’usure compassionnelle.
Il est essentiel de toujours prendre au sérieux toute verbalisation du suicide : il s’agit toujours d’un appel à l’aide.
Que souhaiteriez-vous dire aux personnes qui hésitent à demander de l’aide?
Je suis consciente que demander de l’aide demande beaucoup de courage. Il faut mettre son ego de côté, mais c’est tellement enrichissant de ressentir qu’on reprend du contrôle sur sa souffrance et que la partager avec quelqu’un nous libère.

Voici Valéry Brassard, intervenante aux services collectifs au Centre d’écoute et de prévention du suicide 02.