Nous mettons ici en lumière les visages de celles et ceux qui œuvrent dans la prévention du suicide au Québec. À travers ces portraits, nous souhaitons mettre de l’avant leur engagement envers la cause.
Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter Érick Légaré. Depuis plusieurs années, il s’investit activement en prévention du suicide. Il a notamment participé à une précédente campagne de l’Association québécoise de prévention du suicide, Parler du suicide sauve des vies, dans le cadre de la Semaine de prévention du suicide. Érick s’implique également dans diverses initiatives citoyennes, mettant ses talents d’animateur au service de la cause. En 2023, il a reçu le prix Méritas Coup de cœur, lors de l’événement de reconnaissance en prévention du suicide organisé par l’AQPS.
Qu’est-ce qui t’a poussé à t’engager personnellement dans la prévention du suicide?
J’ai vécu une enfance particulièrement difficile. Peu importe l’aide qu’on pouvait m’offrir, je la fuyais, car je n’avais plus confiance. Tout ce qui m’arrivait, je le gardais pour moi, j’accumulais. Chaque épreuve, chaque problème, je les mettais de côté, dans mon sac à dos imaginaire.
Avec les années, ce fardeau s’est alourdi au point où j’ai tout perdu. J’ai sombré dans la dépression et la honte. J’ai pu avoir l’aide nécessaire. Aujourd’hui, je veux transformer ces expériences en quelque chose de positif. Je veux aider les gens à ne pas refaire les mêmes erreurs que moi, leur montrer qu’ils ne sont pas seuls à traverser des épreuves ou des échecs, et qu’il est important d’aller chercher de l’aide.
Comment ton engagement s’est-il transformé au fil des années?
J’ai commencé par une petite conférence lors d’une activité de sensibilisation à l’université. Voyant l’impact que je pouvais avoir, j’ai commencé à la présenter sous forme de conférence-témoignage, où je mettais tout mon vécu sur la table, de l’enfance jusqu’à aujourd’hui. Mon objectif n’était pas de me comparer, mais bien de montrer aux gens que, peu importe l’épreuve, il ne faut pas avoir honte de mettre un genou à terre si nécessaire.
Dans le cadre de mon travail, j’ai fait le tour des bureaux de poste de Québec, du Bas-du-Fleuve et de Montréal afin de sensibiliser les gens à l’importance de s’ouvrir selon leurs besoins, et de leur rappeler qu’il est possible de trouver l’aide nécessaire, sans honte.
Que ce soit lors de reportages télé ou radio, beaucoup de gens m’écrivaient par la suite pour me dire que mon témoignage leur avait donné la force d’aller chercher de l’aide à leur tour. Rien que ça, pour moi, me donnait envie de continuer. […]
Comment ta collaboration avec l’AQPS a-t-elle débuté?
Suite à ma tentative, je cherchais une façon de m’impliquer et de sensibiliser les gens à la prévention du suicide. Mon ami Cedrick Boilard, qui organise le Défi On roule pour toi, était déjà bien impliqué auprès de l’AQPS. Je lui ai donc demandé s’il pouvait me mettre en contact avec quelqu’un de l’équipe afin de discuter d’éventuelles collaborations.
Étant une personne à l’aise pour prendre la parole et évoluant dans le domaine de l’animation, j’ai eu l’idée de me proposer pour partager mon histoire. C’est ainsi qu’a eu lieu ma première mini-conférence à l’université, suivie de capsules vidéo, d’entrevues à la télévision et à la radio, puis de ma conférence Résilience, le pack sac de toute une vie.
Pourquoi est-ce important pour toi de demander de l’aide lorsqu’on ressent de la détresse?
Il y a un parallèle que j’aime bien faire, et c’est celui avec mon sport : le combat. Quand je suis dans un octogone ou sur un ring, oui, je suis seul contre mon adversaire. Mais en réalité, autour de moi, il y a toute une équipe : mon entraîneur principal, mon coach de boxe, de kickboxing, de lutte, de sol, ma nutritionniste, mon entraîneur physique, mon massothérapeute, mon chiro, etc. Il y a beaucoup de monde qui s’occupe de moi. À l’entraînement, lorsque l’on pratique une technique de soumission et que ça ne fonctionne pas, on arrête tout, on prend du recul, on s’assoit et on regarde ce qui n’a pas fonctionné avec les coachs.
Pourquoi, dans la vraie vie, je ne ferais pas pareil? Pourquoi, si j’ai un problème financier, amoureux ou avec un ami, peu importe, je ne lâcherais pas prise pour prendre du recul, analyser la situation et déterminer l’aide dont j’ai besoin? La vie va vite. Le travail, les enfants, les devoirs, les repas, les activités… oui, tout va vite de nos jours. Mais à un moment donné, il faut penser à soi, s’arrêter pour analyser ce qui se passe, prendre du recul, lâcher prise. […]
Aujourd’hui, j’accepte d’aller chercher de l’aide. Je sais qu’elle existe, et je sais qui est près de moi. Arrêtons de faire les gros durs, arrêtons de juger les gens, on ne sait pas ce qui se passe entre les murs des maisons de chacun. Soyons simplement vigilants, mais surtout ouverts.
Si ça ne va pas, pense à toi. Pense à ceux qui t’entourent, qui t’aiment. […] Trouve-toi des passions, des choses que tu aimes, qui t’aideront à changer tes idées, à t’arrêter et à prendre du recul pour mieux affronter les épreuves. […]
Si vous avez passé par là ou que vous y êtes en ce moment, félicitez-vous d’avoir survécu. Félicitez ceux que vous connaissez qui y sont passés eux aussi. Encouragez ceux qui travaillent fort pour s’en sortir.
Moi, je sais que je veux vivre. Je veux vivre pour inspirer les autres avec mon histoire.

Besoin d’aide pour vous ou pour un proche? Des ressources d’aide en prévention du suicide sont disponibles 24/7, partout au Québec.
Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553)
Texto : 53 53 53
Clavardage, information et outils : suicide.ca
Découvrez d’autres visages de la prévention du suicide au Québec
- Portrait de Jonathan Roberge, ambassadeur en prévention du suicide
- Portrait d’Émilie Laferrière, fondatrice de Milie Bijoux
- Portrait de Valéry Brassard, intervenante aux services collectifs au CPS 02
- Portrait de Louis-Philippe Côté, conseiller scientifique principal pour suicide.ca